Connaissez-vous le point commun entre Aristote et Mark Zuckerberg ?
Bien que 2800 ans séparent le philosophe grec de l’entrepreneur californien, ils partagent une conviction. Voyez par vous-même.
L’une des citations les plus célèbres d’Aristote est la suivante : L’Homme est un animal social. En sous-titre, c’est le contact et les interactions entre individus qui créent notre humanité.
La promesse originelle de Facebook, toujours affichée sur l’écran d’accueil de la plateforme, est : Partagez et restez en contact avec votre entourage.
C’est cette vision d’une « société de contact », a priori nécessaire à notre épanouissement collectif et personnel, qu’il nous paraît intéressant d’interroger, à l’heure où 4.7 milliards d’êtres humains sont confinés chez eux, réduisant drastiquement les interactions.
La distanciation sociale, seul remède efficace à la progression de la pandémie, repose actuellement sur une nouvelle organisation. Une société « sans contact », où ce n’est plus le contact humain, mais la technologie qui est indispensable à la survie.
L’accélération utile
Un contact, en sciences physiques, c’est aussi une zone de friction. En réduisant les frictions, la technologie a accéléré des processus où le contact humain était juste une étape rébarbative, souvent déshumanisée justement. Pensez par exemple au moment où l’on fait la queue au service de la navigation pour obtenir une nouvelle carte grise.
Cette technologie de simplification, de fluidification, a été étendue et bouleverse nos vies. Faire une réunion de travail ? Manger un repas de chef ? Acheter des nouvelles sneakers ? Chercher notre chemin ? Se faire un nouvel ami ? Jouir ? Apprendre une nouvelle langue ?
There’s an app for that
Ces mécanismes « zéro contact », sur un plan purement pragmatique, ont rendu notre société plus résiliente, nos entreprises plus efficaces et notre vie plus productive.
Cette tendance s’accélère chaque jour, portée aujourd’hui par l’avènement de l’intelligence artificielle et du big data. La technologie revêt désormais des attributs jusqu’ici réservés aux humains. La mémoire, la prédiction, la conversation, l’émotion, l’humour, etc. Une intelligence artificielle autonome qui simule, à ce jour encore partiellement, une interaction humaine. Zora, un robot franco-japonais, est déjà présent dans un millier d’établissements de santé dans le monde, pour interagir avec les seniors.
Le fantasme d’une vie virtuelle plus riche que la vie réelle est largement exploité dans la science-fiction. En 2009, le film Clone, avec Bruce Willis met en scène une société dans laquelle chaque individu, installé dans un fauteuil à la maison, vit à travers un avatar, forcément plus jeune et plus beau, dans un monde virtuel. Dystopie ? De moins en moins…
La reconnexion au réel
Cette société sans contact, remet en question notre nature profonde. Et c’est ici que divergent fondamentalement Aristote et Zuckerberg.
Une connexion n’est pas un contact. Personne n’a plusieurs centaines d’amis.
Des études ont démontré à quel point les interactions réelles étaient nécessaires à la santé mentale de l’être humain. Même les « small talks », ces conversations entre inconnus dans un ascenseur sur la pluie et le beau temps, développent notre empathie et nous recentrent sur le moment présent* (Dr. Justine Coupland – Small Talks).
Autre exemple, connaissez-vous les Blue Zones ? Ce sont des zones très spécifiques où la proportion de centenaires est significativement supérieure à la moyenne. On en dénombre 5 dans le monde, de Okinawa au Japon jusqu’à Nicoya au Costa Rica en passant par la Sardaigne. Bien que les cultures soient très différentes, cette longévité s’explique par une alimentation saine à base de poissons, fruits et légumes, une pratique physique quotidienne en lien avec le travail, et surtout, un fort sentiment d’appartenance à une communauté. Ce sont des petits villages rythmés par des activités collectives.
La technologie peut-elle servir des communautés et « augmenter » les interactions réelles entre individus dans l’esprit des « Blue Zones » ?
Oui. La technologie n’est pas forcement vectrice d’individualisme et d’isolation. Par exemple la « sharing economy », l’économie du partage, est une organisation de mise en relation, rendue possible par la technologie. Être accueilli par des locaux qui jouent le jeu sur Airbnb est une interaction humainement plus riche qu’un check-in dans une chaîne d’hôtels.
De même, un customer journey aux multiples touchpoints passe forcément par une interface humaine. Ce point de contact peut être enrichi grâce à la connaissance client et son parcours en ligne. Un vendeur en boutique qui me connaît peut mieux me servir et développer avec moi une relation basée sur mes intérêts, ce qui génère de la confiance.
Ecouter de la musique au casque sur une plateforme virtuelle, n’empêche pas des grands moments de communion collectifs en festival. Et n’oublions pas non plus que la vie réelle et ses frictions, favorisent la sérendipité. Ces choses qu’on trouve sans les avoir cherchées. L’amour par exemple. Dans un covoiturage, ou dans une file d’attente ?
C’est peut être ici l’enjeu majeur de la technologie au service d’une société de contact. Donner plus de valeur à nos échanges interpersonnels, et surtout remettre du lien humain à la distanciation sociale, est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. L’équilibre entre technologie et humanité, qu’il soit voulu ou forcé, se fera naturellement.
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